Je suis TUAN Chef de guilde de L'Ordre De La Croix Du SUD
Je suis le conteur de cette histoire. Pour m’écouter, guerriers et jeunes hommes désertent sans regret les auberges. Avides d’honneur et d’histoire, ils regardent remuer mes lèvres et leurs yeux brillent car je leur offre ce qui est plus précieux que l’or : les trésors venus de mon coeur.
Mes mots brûlent comme des flammes dans l’obscurité. Quand je parle, les coeurs battent plus fort, les pommeaux des épées s’échauffent dans les poings. Mes mots sont des sortilèges qui, d’enfants font des hommes.
Mais je connais la douleur du feu autant que son éclat. Je suis le conteur sans repos. La mort jamais ne m’apaisera. Condamné à voir et a parler, c’est en vain que ma main tente de saisir l’arme du guerrier.
Jadis moi, TUAN, je fus un homme, le chef d’un grand peuple, les césair. Mes braves prenaient place sur des peaux de loups et levaient vers moi leurs coupes dorées remplies de vin. Jamais maux ni malheur ne passèrent le seuil du palais ou je régnais, assis sur un trône d’ivoire décoré de joyaux.
Le soir venu, de jeunes vierges débouclaient ma ceinture de cuir et délaçaient ma tunique de soie tissée de damiers. A la lueur incertaine des torches, ma reine nue venait a moi.
Mais il arrive que les dieux jalousent le bonheur des humains : déluges et épées s’allièrent pour mener mon peuple à sa perte. Les salles de banquets furent désertées et leurs murs tombèrent en ruines, portes et toits béants n’abritèrent plus que les bêtes de la terre et les oiseaux du ciel. Il fut décrété que seul, je survivrais pour témoigner du destin de mon peuple. Impuissant, je regardais pillards et ennemis ravager la belle terre d’Eiréann. Les cités d’or que j’avais tant aimées gisaient au plus profond des mers grises.
Pendant de nombreuses années, homme errant, je me réfugiai dans les grottes et les profondeurs des forêts. Quand enfin le noble peuple de nemed vint reconquérir sa terre natale, je ne pus l’acceuillir comme un chef ou un guerrier. Mon destin était autre : il était d’épier dans l’ombre, de serrer les secrets du temps dans mon âme et ma mémoire. Les dieux ont choisi pour moi une étrange existence, des douleurs et des joies inconnues qui, année aprés année, m’ont enfermé dans le corps de bêtes et d’oiseaux pour observer et conserver l’histoire d’Eireann en secret des hommes.
Une fois que le tumulte de la bataille et les pleurs des femmes se fût évanoui dans le silence, une fois que la terre eût bu tout le sang versé, une fois que Moy Tura fût devenu un endroit désolé, hanté par les esprits et jonchés de piliers et de cairns, moi, Tuan, je survolai ces lieux. Je savais que la même force de l’histoire qui avait ici décidé de la fortune des hommes, qui avait fait de moi le messager ailé du mythe. Je savais que le cycle des métamorphoses se poursuivrait jusqu’a la fin du monde. Et toujours, il me faudrait porter le fardeau du triomphe et du deuil des hommes. Moi Tuan revient sur ma terre sous la forme d’un valeureux guerrier.
Je suis TUAN
Je suis légende
Je suis mémoire faite mythe
J’ai traversé les âges
Sous la guise de l’homme, de la bête, de l’oiseau
Témoin muet de hauts faits,
Gardien d’exploits passés.